Né à Nancy, je suis fier d'être Lorrain ! Bon goulaf et bon cheulard, je peux dire, selon la formule traditionnelle, "de Nancy, pour la gueule, j'en suis !" Mais si vous me dites que toutes les provinces se valent, je vous répondrai, sans prétention, que la Lorraine n'est pas une province comme une autre...
Pour le comprendre, il faut remonter au IXe siècle. En 843, les petits-fils de Charlemagne se partagent l'Empire carolingien au traité de Verdun : Lothaire, l'aîné, prend la "Francie médiane", avec le titre d'empereur, Charles reçoit la "Francie occidentale" et Louis, la "Francie orientale". La Francie occidentale deviendra la France, la Francie orientale, l'Allemagne, et la Francie médiane sera la Lotharingie (royaume de Lothaire) qui se réduira géographiquement et linguistiquement en Lorraine... A l'origine, il y a donc, à égalité, la France, l'Allemagne et la Lorraine ! Cela peut paraître prétentieux mais c'est cette inspiration lotharingienne qui a maintenu la Lorraine comme nation indépendante jusqu'au XVIIIe siècle. Le duché de Lorraine n'a pu être annexé par la France qu'à la suite d'une combinaison diplomatique. François III, dernier duc héréditaire, épouse Marie-Thérèse de Habsbourg et deviendra empereur du Saint-Empire Romain Germanique. La France ne l'accepte qu'à la condition qu'il échange son duché contre la Toscane en 1737. Et pour préparer l'annexion française, on donne la Lorraine en viager à Stanislas, roi détrôné de Pologne et gendre de Louis XV. Ironie de l'histoire : c'est ce souverain usurpateur qui dote Nancy des monuments qui lui donnent jusqu'à nos jours l'allure d'une véritable capitale. A la mort de Stanislas en 1766, Nancy devient française mais reste la capitale ducale...
Cette histoire donne conscience aux Lorrains de leur originalité et de leur vocation européenne. Il y a toujours un duc de Lorraine en la personne du chef de la dynastie impériale des Habsbourg-Lorraine. Jusqu'en 2011, c'était Otto de Habsbourg-Lorraine qui accordait une très grande importance à ses racines lorraines (il était venu se marier à Nancy en 1951 et j'ai assisté à son mariage dans le ventre de ma mère...). Son fils va prendre la relève. Et ce n'est pas un hasard si Robert Schuman, l'un des deux "Pères de l'Europe" était d'origine lorraine et possédait une maison près de Metz !
Seule région du Bassin Parisien qui échappe à l'emprise de Paris, francophone avec une partie germanophone, divisée entre France et Allemagne de 1871 à 1918 et de 1940 à 1944, la Lorraine garde bien présent l'esprit des "pays d'entre-deux"...
Cette histoire donne conscience aux Lorrains de leur originalité et de leur vocation européenne. Il y a toujours un duc de Lorraine en la personne du chef de la dynastie impériale des Habsbourg-Lorraine. Jusqu'en 2011, c'était Otto de Habsbourg-Lorraine qui accordait une très grande importance à ses racines lorraines (il était venu se marier à Nancy en 1951 et j'ai assisté à son mariage dans le ventre de ma mère...). Son fils va prendre la relève. Et ce n'est pas un hasard si Robert Schuman, l'un des deux "Pères de l'Europe" était d'origine lorraine et possédait une maison près de Metz !
Seule région du Bassin Parisien qui échappe à l'emprise de Paris, francophone avec une partie germanophone, divisée entre France et Allemagne de 1871 à 1918 et de 1940 à 1944, la Lorraine garde bien présent l'esprit des "pays d'entre-deux"...
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